Si la congélation du sperme et des embryons est utilisée de plus en plus souvent depuis quelques années dans les laboratoires, la cryoconservation est devenue indispensable en biologie de la reproduction. Mais certaines personnes utilisent cette technologie pour espérer revivre un jour . 

Comment faire ?

La cryogénisation est un processus trop complexe pour être réalisé entièrement sur le lieu du décès, c'est pourquoi cela se passe en étapes, et dans les laboratoires. Il faut cependant s'assurer du déplacement du corps.

 

L'homme est mort à l’état civil, cependant biologiquement, cela dépend encore :  un tube respiratoire est placé à la sortie de la trachée pour maintenir les cellules en vie. Le cœur continue de pomper le sang dans le corps avec une aide extérieure, les cellules reçoivent de l'oxygène. L'objectif de cette manipulation est que l'échange gazeux continue de fonctionner au niveau des cellules. C'est une manœuvre semblable à la réanimation cardiorespiratoire (RCR), mais le but diffère, car il est de préserver le corps du patient. C'est pourquoi cela s'appelle le support respiratoire (SCR).  

 

La manipulation doit être exercée sur un corps fraîchement mort, plus précisément , les cellules ne doivent pas être endommagées, voire mortes.

 

Le transport est délicat : le corps est placé dans un cercueil en métal rempli de glaçons, après avoir attendu que son corps soit à 15°C. Le déplacement doit être réalisé dans un temps réduit, moins de 20 heures.  Arrivé à l'institut, le corps est déplacé, il est alors au environ de  3,4°C, et il ne doit pas se réchauffer.

 

C'est une autre étape importante qui se prépare, la perfusion, à cet instant, le corps est rempli de sang et de liquides physiologiques. Si on le congèle directement, des cristaux de glace acérés se forment et entaillent les cellules et les vaisseaux, causant des dégâts irréparables. C'est alors que l'on dégage l'artère du cou et que l'on y branche une pompe pour remplacer le sang et les liquides physiologiques par une solution composée d'éthylène de glycol et de diméthysulfoxyde. Ceci est un antigel qui ne se dilate pas en gelant mais se vitrifie (=voir vitrification ) . Pour s'assurer que la solution de vitrification est en concentration suffisante dans le cerveau du patient, deux trous de trépan sont percés dans le crâne (cette procédure n'endommage pas l'encéphale.A mesure que la solution se répand dans  le corps, sa peau prend une teinte bronze, signe que les vaisseaux sont intacts. Malgré le fait que ce liquide protège les cellules contre les cristaux de glace, il va aussi faire des dégâts conséquents : les neurones dans le cerveau seront séparés les uns des autres.

 

Vient alors le moment où le patient doit être étendu sur une civière. Sa tête est placée dans une boite qui isole le reste du corps et qui sera remplie de glace sèche  et d'huile de silicone. La civière comprend également un sac de couchage dans lequel reposera le patient, ceci permettant de maintenir une température plus stable et uniforme. 

 

La dernière étape, qui consiste finalement en la cryogénisation du corps, est contrôlée par des sondes de température qui ont préalablement été insérées dans la cage thoracique, dans le nasopharynx et près de l'un des deux trous de trépan.

Le corps est alors placé en hibernation. Les patients sont préservés dans d'immenses réservoirs appelés cryostats à une température de -196°C,  soit la température de l'azote liquide. Chaque cryostat peut contenir jusqu'à 6 personnes, qui sont maintenues les pieds vers le haut et la tête vers le bas. Dans cette position, la tête y est beaucoup mieux protégée dans le bas que dans le haut du réservoir. Le refroidissement est un procédé qui s'exerce délicatement et progressivement pour éviter toute rupture de tissus.

 

Le niveau d'azote liquide est contrôlé tous les jours par le personnel.

Durant tout le processus, les personnes responsables des différentes étapes sont équipées de combinaisons intégrales, de lunettes et d'un masque sur le nez.


Source : MC'mag , Courrier international